A ces heures, ces dernières que je passe dans la capitale du Nord de l’empire du milieu, il me semble fort à propos de faire le point sur mon périple de 9 mois et une semaine.
Il fallait que je parte. J’étais très amoureux, je pensais sincèrement avoir trouvé la bonne et tourner la page juste mentalement me semblait sur le coup impossible. Il me fallait de la distance.
Peut-on partir plus loin que la Chine ? C’est une question que je me pose quand je regarde autour de moi, personne ne parlant anglais, la culture Chinoise étant très éloigné de la nôtre.
Je ne regrette pas mon choix, j’ai plus vécu pendant ces 9 mois que pendant mes 3 dernières années. J’ai voyagé, j’ai galéré, j’ai fait la fête et j’ai découvert tellement de choses ! J’ai travaillé un peu aussi, mais pas beaucoup et… je ne vais pas m’en plaindre.
Je pense être une personne très différente de celle d’il y a 9 mois. J’ai évolué à une vitesse folle, je me suis découvert un goût pour le voyage et l’aventure que je ne soupçonnais pas.
Qu’ai-je fait pendant ces dernières années alors ? Ai-je stagné ? Le peut-on vraiment… J’ai tendance à croire, comme c’est très bien dit dans le roman Dune « La seule chose qui dure, c’est le changement ». Hors donc, j’ai certainement évolué à une vitesse bien inférieure mais là encore c’est sûrement une question de perception. Oui, je m’égare…
La plupart des personnes en France m’ont posées cette superbe question : « Alors la Chine, c’est comment ? ».
Déjà… sérieusement, la Chine est énorme et je n’en ai vu qu’une infime partie. Les gens s’attendent sûrement à une réponse du type « C’est magnifique ! » parce qu’en fait, ils n’ont pas vraiment envie que je passe 10 minutes à leur parler de la Chine, c’est presque une question rhétorique.
Au début, cette anodine question me prenait au dépourvu mais maintenant je sais quoi répondre : « La Chine, c’est le bordel ».
Parce que oui, ça l’est.
Allant dans une dictature, je m’attendais à un peuple marchant au pas, très respectueux des règles alors que pas du tout. De multiples facteurs font que la Chine est un immense foutoir :
La façon de conduire très… personnel des voitures et des vélos, les habitations qui s’entassent les unes sur les autres et leurs ruelles étroites, l’alternance ancien/moderne des bâtiments parfois déconcertante, les très nombreuses enseignes lumineuses et les néons multicolores parsemant la ville, l’hygiène et la propreté des rues généralement exécrables, les pelotes de fils électriques et les transformateurs à l’air libre et puis simplement le monde !
Beijing est une métropole surpeuplée qui évolue à une vitesse sidérante. Ou qu’on soit, il y aura toujours un immeuble en construction ou bien un trottoir en train d’être refait, les travaux sont partout et rajoutent une touche de chaos à la ville.
Malgré tout ça, Beijing n’est pas désagréable. Quelle que soit l’heure, il y a toujours du monde dans la rue, des vendeurs de brochettes sur le trottoir et leurs clients assis sur des tabourets en plastique roses. Il y a également des supérettes minuscules mais furieusement achalandées tous les 20 mètres, ouvertes jusqu’à 22/23h. S’approvisionner en boisson ou nourriture n’est donc jamais un problème et ce, où que vous soyez dans Beijing.
La vie nocturne est également agréable, les bars ne sont pas chers et l’ambiance y est bonne, les serveurs sont polis et souriants. La plupart proposent également des chichas et tout un panel de goûts pour une somme modique. De quoi passer une excellente soirée entre amis !
Et comment parler de Beijing sans évoquer son patrimoine historique ? La Cité Interdite, Le Palais d’Eté, Le Temple des Lamas, etc. Les monuments à visiter sont aussi nombreux que divers.
On trouve également de très nombreux parcs à Beijing. Généralement très étendus, ils sont très agréables à visiter et entourent bien souvent un ou plusieurs grands lacs. En hiver, les lacs gelés se transforment en patinoires géantes.
Peut-on parler d’un pays sans discourir sur son peuple ?
Les Chinois. Déjà, ils ne sont pas tous bons en Math.
Ils ont une fâcheuse tendance à cracher par terre en nous gratifiant au préalable d’un raclement de gorge homérique. C’est un des aspects de la Chine auquel je me fais le moins.
Leur notion de la mode est… très différente de la nôtre. Les femmes exhibent leurs belles longues jambes en portant des minijupes et des minishorts très très mini et ce en toute saisons. Oubliez donc le cliché de la Chinoise pudique. Le plus surprenant est sans aucun doute des espèces de tuniques en coton ressemblant à des grenouillères aux imprimés tous plus dégueulasses les uns que les autres. On a réellement l’impression de voir se balader des filles en pyjama à fleur ou léopard. Trop. La. Classe.
Quant aux hommes ce n’est pas forcement mieux. Les garçons sont dingues des vêtements avec des strass. Il est très difficile de trouvé un T-shirt sans une babiole brillante ou bien des dorures. Pour les hommes d’âge plus murs, il y a la technique « je montre mon bide à tout le monde ». Il s’agit de remonter son T-shirt en été pour avoir le ventre au frais. Certifié beauf.
Malgré tout, les Chinois sont sympathiques et ils vous aideront du mieux qu’ils peuvent si vous êtes en difficulté, le plus compliqué étant de se faire comprendre car le pourcentage de personne parlant anglais est très faible.
On dit souvent que les Chinois adorent prendre des photos, c’est VRAI ! Ils demandent même aux occidentaux de se prendre en photo avec eux, j’y ai eu plusieurs fois le droit. Par ailleurs, ils sont très nombreux à avoir du matériel de professionnel.
Le reste de la Chine que j’ai entraperçu au cours de mes voyages est par contre assez différent. Si les grosses métropoles sont équivalentes à Beijing il existe un véritable clivage entre la campagne et la ville.
En traversant des petits villages j’ai pu constater de l’immense pauvreté des campagnes. Les maisons les plus riches sont à peine comparables aux habitations les plus pauvres de la métropole.
Les divers coins que j’ai eu la chance de visiter sont réellement magnifiques même si ma préférence va sans aucun doute vers Guilin et envoûtante rivière Li. Vient en seconde position la Muraille de Chine qui est un véritable prodige de l’homme sur la nature. Il ne la dénature pas bien au contraire, il l’a sublime et la rend mystérieuse.
La Chine est réellement belle et mérite d’être parcourue. Mais il en est sans doute de même pour tous les autres pays.
En écrivant ces lignes je réalise qu’en revenant en France, la liberté que j’ai actuellement me manquera. Mais j’espère bien que d’autres aventures m’attendent.
Finalement que me reste-t-il de mon périple ?
J’ai l’impression d’avoir vieillis et rajeunis à la fois, d’avoir gagné et perdu en sagesse. Des voyages… il me reste des belles photos, des souvenirs pleins les yeux et cette envie folle de repartir !
Partir loin de sa vie donne un recul monstrueux sur ce qu’on était et je crois que les difficultés permettent de mieux appréhender qui on est au travers de nos réactions. Ainsi je pense mieux savoir qui je suis et ce que je veux même si certaines questions restent flous.
En partant en Chine, j’ai eu l’impression de perdre beaucoup mais aujourd’hui je sais que cela en valait la peine.